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Le 1er article d'une petite série sur l'accordéon en Amérique Latine
J'ai découvert le Vallenato il y a quelques années en préparant un cours sur un tour du monde de l'accordéon diatonique mais je ne me suis attelé à travailler des morceaux que très récemment. (dur, dur :))
Le vallenato est une musique de Colombie. Comme nombre de ces consoeurs d'Amérique Latine, c'est une musique née du métissage entre les indiens (dans ce cas les indiens Chimila), les européens et les africains. Chacun y a apporté sa culture, son instrument la guacharaca, l'accordéon et le caja.
La guacharaca
C'est un idiophone fait à partir de "caña de playón". La canne est vidée puis marquée de sillons horizontaux sur un de ses côtés. L'instrument est gratté avec un os, un baton ou un fil métallique. La guacharaca appartient à une vaste famille de bois, cannes et calebasses. Ils sont utilisés comme instruments de musique dans les Caraîbes. Parmi eux, on peut trouver le guiro cubain, le guicharo portoricain, le guira dominicain et le charrasca vénézuelien.
Le caja (tambour)
Il y a un demi-siècle, le caja avait une double pièce de cuir de chaque côté et ressemblait aux tambours espagnols et à certains tambours indigènes. Plus tard, une seule pièce fut utilisée. Traditionnellement, on utilisait de la peau de chèvre ou de crocodile mais aujourd'hui les peaux sont en matériaux artificiels. Le caja est joué avec les mains.
L'accordéon
Presque toujours, il s'agit d'un modèle Hohner. Ce sont des instruments à 3 rangées (C/F/Bb par exemple) et 12 basses. C'est un jeu très virtuose tant à la main droite avec beaucoup de doubles notes qu'à la main gauche avec un jeu privilégiant le rythme à l'harmonie. Jusqu'à il y a peu, c'était l'accordéoniste le chanteur du trio.
Dès 1885, il est fait mention de chansons Vallenato avec accordéon, caja et guacharaca
Une autre contribution européenne au Vallenato est sa forme poétique et la tradition du ménestrel. Les compositeurs et les pionniers étaient des troubadours comme ceux de "Mester de Juglaria". Ce sont des anonymes qui racontent des histoires locales colportées de village en village. On retrouve de nombreuses formes de la tradition troubadour dans le Vallenato comme l'habitude d'inclure le nom de l'auteur dans la chanson ou la réputation et le mode des vie de ces musiciens itinérants.
Le vallenato est né dans la région "La Provincia" et est aujourd'hui l'une des musiques les plus populaires de Colombie. Un concours national est organisé à Valledupar, capitale de La Provincia. Les conccurents doivent interpréter des chansons sur les 4 rythmes principaux le paseo, puya, son et merengue, l'épreuve la plus impressionnante étant sans nul doute la puya. Le vainqueur est déclarer "roi du Vallenato pour l'année". Il existe plusieurs catégories musiciens professionnels, musiciens amateurs, jeunes ...
Sources :
double cd "100 años de VALLENATO" chez MTN Musica Talento & Mercadeo Ltda
Bernard SESÉ, « MESTER DE JUGLARÍA, littérature », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 juillet 2014. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/mester-de-juglaria-litterature/
A voir le film "L'accordéon du diable", un film sur les musiciens de Vallenato et la transmission
Une petite sélection de vidéos ...
Sergio Luis Rodriguez Rey Vallenato 2009 "El Pollo Vallenato"
Sergio Luis Rodriguez Rey Vallenato 2009 - Puya
Israel et Morre Romero - Joute d'accordéon (extrait du film "L'accordéon du diable")
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Dans le cadre des 4e rencontres du trad que nous organisons à La Roue des Arts, nous avons travaillé cette année autour du violon et d'esthétiques différentes. Nous avons d'abord eu le plaisir de rencontrer Christian Lemaître. Nous sommes aujourd'hui en train de travailler "à la manière de" Diafonik.
Le duo Diafonik, constitué de Yann Madec au traitement sonore et électronique et de Pierre Stephan au violon, construit une musique mêlant improvisation, écriture et archives sonores collectées en Bretagne dans les années 1950. Pour le duo, il s’agit d’un acte de lecture, d’un passage d’un régime sonore à un autre, d’une expression sensible à partir de chants traditionnels pris comme matériaux. Ce transfert prend pour titre “ Diafonik ” : ce terme désigne au sens propre les interférences de sons qui ont parfois lieu à la lecture de deux pistes d’une bande magnétique. Le projet prend donc ce mot au sens premier puisque les chants collectés ont été enregistrés sur bandes magnétiques, mais il le nourrit aussi d’un sens métaphorique : il en fait un jeu d’échanges entre la musique et les sons du fonds sonore traité et la musique que les musiciens développent par leur composition en laissant la place à des traces issues du fonds sonore traité.
Pour les élèves, ça veut dire nouveaux outils : l'ordinateur, les micros, la prise de son, les archives, ça veut dire aussi recherche d'archives, questions sur le collectage (quoi, qui, comment, où, pourquoi), ça veut dire aussi regard différent sur les archives.
Belles rencontres.